• Semaines d'examen qui commencent, qui commencent plutôt bien d'ailleurs, même si rien n'est jamais acquis. C'est étrange, tout de même, ça me fait toujours un petit pincement, une époque qui s'achève, une page qui se prépare à être tournée, et moi qui ne puis plus rien y faire. Je me suis levée tôt, le jour s'était levé depuis peu quand je suis partie, le trottoir était encore humide d'une pluie récente, quelques gouttes tombaient encore de certains balcons. Alors que la solitude m'a dévorée dans mon appartement désormais vide, j'ai senti la quiétude m'envahir en marchant dans le petit matin, avec un vent frais, quelques rayons de soleil timides, et plein de bonnes résolutions qui, si elles n'ont pas duré longtemps, ont au moins eu le mérite d'exister. J'ai envie de m'en sortir, j'ai envie de me relever et de marcher la tête haute, je sais que je peux le faire si je m'y met sérieusement, si je refuse ces élans mélancoliques qui pointent parfois le bout de leur nez. Après tout, qu'est-ce que je peux faire d'autre, à part m'asseoir et attendre, je n'ai qu'à avancer. Franchir le palier de cette porte, décrocher ce téléphone, que sais-je encore? Il y a tant de choses à faire, à voir, à entendre, à contempler.
    J'y avais pensé en voyant ce tableau, en fait j'y ai pensé après, et j'y pense encore maintenant. Il y a l'enfant, la femme, la vieille; je suis déjà au deuxième stade, je viens d'y arriver mais qu'importe, je crois bien que j'y suis cette fois, et je n'ai plus de temps à perdre. Bien sur mon enthousiasme est passager et je serais toujours aussi désespérée ce soir quand le ciel deviendra sombre, mais avec un peu de chance ça ira mieux demain, et les jours suivant ne seront pas trop maussades. C'est moi qui dit qu'il faut toujours croire, non? Si je m'écoutais un peu, pour une fois...


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  • Aujourd'hui, le petit prince m'a dit que les autres, que le reste, ce n'était qu'un plus. J'ai réfléchi longtemps à me demander si j'étais d'accord ou non, si je pouvais acquiescer ou secouer la tête. J'ai toujours vu le seul intérêt de l'existence dans le rapport avec les autres, pas nécessairement le rapport amoureux, mais le rapport social, l'échange, la communication. Il m'arrive de passer des journées entières sans croiser la moindre âme qui vive, je m'occupe, je produis des choses qui me satisfont, je ne m'ennuie même pas, mais est-ce que je suis heureuse pour autant? La solitude a beau avoir été ma meilleure compagne durant tant d'années, j'ai vécu si longtemps sans elle que, je crois, nous ne nous entendons plus. Les activités que je pratique semblent n'être que de la poudre que je me lance aux yeux pour ne pas accepter la réalité, pour passer des heures et des journées qui seraient sans cela désespérément moroses. Est-ce qu'on est heureux quand on se contente de passer le temps, quand les jours défilent et se ressemblent tous? Je fais des choses différentes, je vois des gens parfois, mais les jours sont toujours les mêmes, ils se noient dans une masse informe et je ne me rappelle plus de rien. Alors oui bien sûr j'évite de trop penser, comme on dit, je m'occupe l'esprit, je discute de choses et d'autres, je travaille un peu (mais pas trop)... mais au final, il manque quand même quelque chose, il manque l'essentiel.
    Même la musique n'a plus la même saveur, je ne pensais pas pouvoir un jour écouter Lisa et me dire que je ne fais que passer mon temps, comme si le moindre plaisir ou divertissement n'était là que pour dissimuler l'horrible vérité que j'aimerai accepter, mais qui s'échappe toujours. Quand il m'arrive de ne plus rien faire, je peux rester des heures assise sur le bord de ma fenêtre, à regarder les enfants jouer dans le jardin. J'espère toujours qu'ils ne me verront pas mais je ne me cache pas pour autant, je leur ferais peur dans le pire des cas, on ne voit pas un spectre tous les jours. Je ne sais plus vraiment quoi faire, ni à quoi penser; je crois que j'en suis arrivée à un point où je m'ennuie avec moi-même, cette personne mélancolique et paranoïaque que je reconnais de moins en moins au fil des jours. Elle change, je change, j'espère arriver à la suivre mais, pour être honnête, je crois qu'elle me fait un peu peur. Je ne sais pas trop où elle se dirige, je gage qu'elle n'en sait rien elle non plus, et même si jusqu'à présent nous avons toujours réussi à retrouver une route sûre, pour la première fois j'ai peur que nous ne nous égarions pour de bon. Alors je me redresse, je tourne la tête de part et d'autre, je cherche un sentier dissimulé qui aurait échappé à notre vigilance. ll y a plusieurs chemins, tous différents et inconnus, des passages sombres et mystérieux qui m'effrayent, mais dans lesquels il va bien falloir se jeter. Avancer, malgré tout, ou rester à jamais sur le pas de la porte. Voilà un dilemne qui ne devrait même pas en être un.

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  • Some men never think of it.
    You did. You'd come along
    And say you'd nearly brought me flowers
    But something had gone wrong.

    The shop was closed. Or you had doubts -
    The sort that minds like ours
    Dream up incessantly. You thought
    I might not want your flowers.

    It made me smile and hug you then.
    Now I can only smile.
    But, Look, the flowers you nearly bought
    Have lasted all this while.


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  • C'était une belle journée, aujourd'hui, un de ces jours sans nuages, où le ciel est sans tâches, d'une couleur pure et profonde, de ces couleurs qui rappellent l'infini. J'ai passé le coup de téléphone le plus douloureux de ma vie, il a réussi à entacher ce bel après midi, à brouiller mes yeux, à m'empêcher de profiter du soleil. Il m'a dit des choses horribles, des choses qui font mal, des choses qui ont balayé les rares espérances qui m'aidaient à tenir encore le coup. Près de quatre ans aux côtés de quelqu'un, ça peut paraître peu, mais ça compte quand on en a vingt. Mes grands parents m'ont regardée avec un sourire à la fois compatissant et joueur, ce sourire de ceux qui savent bien ce qui compte, de ceux qui ont comprit depuis longtemps que rien ne méritait que l'on se rende triste. "Le chagrin, il ne faut pas trop en avoir" m'a dit mon grand père comme s'il m'apprenait une des clef de l'existence. J'ai hoché la tête; tout a l'air tellement simple quand on écoute les autres, ils pensent toujours que ce n'est pas si grave, qu'un bon conseil va tout arranger.
    On m'a conseillé toutes sortes d'actions et de paroles violentes, radicales, sans appel. On m'a conseillé de ne pas me laisser faire, de faire valoir mon droit, de me montrer ferme voir cruelle, qu'importe puisqu'il l'est avec moi. Seulement voilà, je vois les choses d'une manière bien différente. Je m'efforce depuis le début de cette crise à me montrer irréprochable, à me montrer digne et tendre, toujours aussi attentionnée, bien plus patiente que je ne l'ai jamais été. Bonne poire peut être, et alors... Toujours est-il que, dans cette histoire, c'est moi qui en sortirais gagnante. Je n'ai rien à me reprocher, je n'ai pas fait de coups bas, je n'ai pas élevé la voix, je n'ai pas été trop directe ni trop dure. Je prends sur moi en me disant qu'une bonne action est toujours récompensée, et même si elle ne l'est pas, je serais au moins en paix avec moi-même. Je n'ai rien à me repprocher, rien à regretter, je n'ai rien fait qui soit condamnable, il ne pourra m'en vouloir pour rien, il ne pourra même pas se dire que c'était de ma faute. Mon père est allé couper du lilas dans les arbres, il m'en a donné une petite branche que j'ai nouée dans mes cheveux. Leur odeur vivifiante m'a redonné un soupçon de paix, de quiétude, le sentiment que la douceur existe même lorsqu'on ne l'a voit nulle part, le sentiment que je n'avais pas à m'en faire. Depuis le temps qu'on me dit de penser à moi-même, il serait peut être temps que je m'y mette. Je ne veux me réfugier ni dans les larmes ni dans la haine, mais seulement dans la certitude d'avoir été juste là où n'importe qui se serait emporté, et à raison d'ailleurs. J'ai su éviter les raccourcis qui mènent à la colère, je suis donc peut être sur la bonne voie. J'aimerai qu'il m'y suive, mais je ne peux pas le forcer. Et quoi qu'il en soit, je ne le suivrais pas sur la route tortueuse vers laquelle il se dirige.


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  • Et bien voilà, je change, je me transforme, j'évolue au contact de cette douleur comme s'il s'agissait d'un phénomène naturel, d'un réflèxe de survie. Moi qui aimais tant penser à l'avenir, je me surprends à ne vivre qu'au jour le jour, à ne penser qu'à aujourd'hui et à me dire que demain sera différent et que, dans tous les cas, il ne sera pas comme je le veux. J'apprends à mettre de l'eau dans mon vin, comme on dit, à me dire que les idéaux sont beaux mais ne sont que des idéaux, qu'ils n'existent pas toujours en vrai, ou qu'ils sont si difficiles à atteindre qu'on peut y laisser bien plus que du temps à trop les chercher. Je suis déçue, oui, je suis déçue de pleins de choses, de pleins de gens, je suis déçue de voir que les autres changent aussi, et qu'ils ne changent pas toujours en bien. J'ai l'impression de brader mes principes pour m'épargner trop de douleur, j'essaye de me convaincre que ce n'est pas le cas mais tout en moi me pousse à regretter, à avoir honte. C'est comme si je cédais à ce monde désespéré, comme si je devenais comme tous ces autres qui ne croient plus en rien.
    Je change pour survivre, pour ne pas me laisser submerger par cette vague qui, principes ou non, n'épargnera personne. Et si j'en sors indemne, je ne le devrais qu'à moi; cela, au moins, sera une récompense.


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