• The reed

    Je ne crois pas qu'on goûte vraiment à la vie lorsque l'on mène un quotidien ordinaire. Les moments libres sont si rares qu'on les savoure en les faisant traîner et, bien souvent, on n'a ni l'énergie ni la motivation de faire les choses extraordinaires qui pourtant nous habitent. J'ai la tête pleine d'idées mais le temps m'use, et je vois bien les regards autour de moi, ces gens qui rêvent d'ailleurs et qui se contentent d'ici, faute d'avoir le temps, les moyens, la force.
    Je ne crois pas qu'on puisse s'épanouir de la sorte, ou alors s'épanouir professionnellement, si une telle chose a un quelconque sens. Je hais cette culture des chiffres et du résultat mais ces gens là m'émeuvent, quelque part; ils s'accrochent à quelque chose dans un monde habitué au rien, à des valeurs invisibles, à des principes que le premier souffle emporte. J'ai peine à croire pourtant qu'il n'y ait que ça qui soit solide, ça me fait peur quelque part, parce que je fais partie de ceux qui refusent de s'y retenir, et j'ai peur de ne croiser sur ma route que des personnes que je ne comprendrais pas.
    Je ne crois pas qu'on puisse être heureux en menant une telle existence, je ne crois pas qu'à la base nous étions pensés de la sorte, à souffrir en permanence en attendant quelques jours heureux, deux par semaine tout au plus. Il m'arrive quelque fois d'y penser de nombreuses heures et d'y chercher la logique, ce trouble que tout le monde s'impose, que nous avons érigé comme modèle, au point de rejeter ceux qui ne s'y plient pas. Il n'y a pas de mal pourtant à vouloir être libre et profiter de son temps, vivre de ce que l'on peut trouver, se contenter de peu. Bien sûr le confort a un prix mais s'il faut être malheureux pour l'obtenir, est-ce que cela vaut vraiment la peine... J'y pense chaque jour en voyant évoluer autour de moi jeunes et vieux, ceux qui ont tout à attendre, ceux qui n'ont plus d'illusions, ceux qui ne pensent pas. J'y pense en voyant ces visages tendus qui comptent les minutes, ces yeux vides à la limite du rennoncement qui, j'en ai l'impression parfois, pourraient basculer d'une seconde à l'autre. Je peine à y trouver la logique, à trouver ce qui pourrait justifier tout cela, ce qui pourrait donner un prix. Je ne crois pas qu'on puisse trouver une raison valable, une véritable raison, qui puisse nous rassurer lorsque l'on se retourne sur les années passées, et que l'on voit. Du temps perdu, des rêves évaporés, des idées diffuses, des écrits éparses. J'aimerais croire que je ne serais pas une vieille dame comme les autres, que j'aurais réussi à aller jusqu'au bout, atteindre le vrai et le beau, mais les illusions sont fragiles. Je crois que, comme tout le monde, je finirai par courber l'échine, par plier, tout simplement parce qu'il n'y aura rien d'autre à faire. Parce que même avec toute la volonté du monde, on n'avance pas seul face au vent. Et l'idéal ne fait pas recette par les temps qui courent.


    (ia ora te mahana fanaura'a ^_^)


  • Commentaires

    1
    Ethi
    Mercredi 3 Septembre 2008 à 21:51
    ?
    C'est triste... Donc on s'adapte, on fait "au mieux" bien qu'"au mieux" soit plus souvent "à moitié" que "le meilleur". Tu courberas l'échine et c'est triste à dire, parce que comme beaucoup d'autres tu n'auras pas le choix. Parce qu'il est impossible de vivre "simplement" et "justement". Le mieux ce n'est pas de laisser s'envoler les rêves, mais bien au contraire de les adapter. Faute de mieux. Finalement on va vivre nos années dans l'attente des quelques jours où nous pourrons faire ce qui nous fait rêver. Il doit y avoir quelque chose qui nous échappe dans cette vie répétitive... Quelque chose qu'on ne comprend pas et qui, quelque part, doit bien avoir un intérêt. Reste à savoir quoi...
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