• J'ai croisé beaucoup de gens aujourd'hui, j'ai croisé des groupes, des familles, des couples. Je les ai frolés comme un fantôme frôle un vivant, je suis sûre qu'ils ont eu un frisson d'effroi, quelque chose qui les a surpris, et qu'ils ont oublié. J'ai souvent l'impression que, si jamais je m'arrêtais au milieu de la foule, on passerait à travers moi comme à travers une ombre, on ne sentirait ni mon odeur ni la palpitation de mon coeur, on n'entendrait pas mes murmures suspendus dans l'air, ces paroles perdues qui me hantent. C'est un monde vaste, c'est un monde différent, et comme pour toute histoire d'amour, je l'aime mais je ne le comprends pas, je n'y ai pas ma place.
    Est-ce qu'il y a quelqu'un pour me tenir la main, est-ce qu'il y a quelqu'un pour me prêter son manteau, pour me suivre jusqu'au bout de mes rêves, jusqu'où je veux aller? Pourquoi est-ce que j'ai toujours l'air ailleurs, pourquoi est-ce que j'ai l'air lointaine alors que je ne demande qu'à m'entendre avec les autres, ces autres qui me fascinent, ces autres qui me font peur aussi parfois. J'ai l'impression d'avoir un amour infini à offrir à tout le monde, et d'être incapable de le communiquer. On me croit froide, on me croit indifférente, on me croit sombre parfois, on me croit inatteignable. Si les gens savaient à quel point leurs paroles m'ont fait mal, s'ils savaient que je n'ai rien oublié, que j'ai toujours tout compris, que j'ai tout entendu. S'ils savaient que je ne leur en veux pas, que je n'en veux à personne, que je veux pardonner à tous et même à ceux qui n'ont jamais rien fait. Est-ce qu'il y a encore des gens qui voient au-delà, qui voient plus loin, des gens qui savent entendre les chants transportés dans la brise, qui savent percevoir les émotions qu'on déverse dans un regard?
    S'ils savaient à quel point ils me manquent...


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  • Aujourd'hui, j'ai enfin trouvé un intérêt à mon cours de beaux arts. Aujourd'hui, j'ai découvert, ou plutôt appris à connaitre, Caspar David Friedrich: je le connaissais de nom comme beaucoup de personnes, mais je ne m'étais jamais vraiment penchée sur ses oeuvres. Je suis restée un bon quart d'heure bloquée sur une bête diapo projetée contre le mur; ça ne rend certes pas grand chose dans ce format là, mais ça a suffit. Le moine au bord de la mer est, je crois, le plus beau tableau que j'ai pu admirer jusqu'à présent. Je m'étais toujours désespérée de ne pas être vraiment touchée par la peinture, ou de n'avoir tout du moins jamais trouvé d'artiste ou d'oeuvre capable de m'émouvoir autant qu'un poème ou qu'une chanson. Je n'ai plus écouté grand chose du cours, j'ai sans doute raté des commentaires intéressants d'ailleurs, mais je ne pensais plus qu'à une chose: l'infini.
    C'est l'infini qui est représenté sur cette toile, c'est l'au-delà, le lointain, ce qui nous rend tous petits dans ce monde de géants, ce que nous voulons voir et connaître mais qui nous glisse entre les doigts. Je suis touchée par la conception romantique du monde, que ce soit en littérature ou, comme je viens de le découvrir, en peinture. Le combat de l'artiste romantique est une lutte incessante des sentiments contre la raison; il doit garder foi en lui-même et en son oeuvre tout en subissant les assauts d'un monde incrédule et perplexe, qui ne croit plus en grand chose. Son mysticisme, sa spiritualité, sont condamnés à être sans cesse mis à l'épreuve par la pratique, mais il en tire une force incomparable, et ne cesse jamais de rêver.
    J'ai toujours eu coutume d'apeller ça "l'étincelle", et de distinguer ceux qui l'avaient de ceux qui ne l'avaient pas. Lorsqu'on me demandait de l'expliquer, je ne savais jamais quoi dire, c'était juste l'étincelle. Cette capacité de voir au-delà de l'écran de fumée qui voile nos yeux, de voir plus loin, plus profondément, cette force de savoir décerner ce qui est important de ce qui n'est qu'illusion, d'avoir foi en ce qui compte, de croire envers et contre tout. Que sont les obligations que nous avons aujourd'hui, que vaux la raison, le devoir, cette pression que l'on subit de toutes parts, comme si d'autres décidaient de la manière dont on doit vivre. Je pense souvent à la façon dont tout ça finira, à ce qu'il restera de nous tous en fin de compte. Nous avons si peu de temps ici bas, des années infimes comparées aux millénaires, je ne veux pas les passer à subir, à faire ce que l'on attend de moi, à remplir un devoir que l'on m'a imposé. Seule la volonté compte, seuls les sentiments valent toute la peine que l'on se donne pour eux; l'étincelle nous pousse à les placer au dessus de tout le reste.
    Ceux qui la possèdent se heurtent à la masse des êtres qui ne l'ont pas; ils sont souvent malheureux de se sentir si incompris, et seuls faute de trouver leurs semblables. Je l'ai longtemps été, isolée dans ma recherche de l'infini, dans ma poursuite du lointain qui s'enfuit toujours. Je l'ai été jusqu'au jour où j'ai compris que nous n'étions peut être pas si rares que je le pensais; j'en ai trouvé quelques uns depuis, et je suis toujours à l'affut. C'est une recherche de chaque seconde.

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  • Quand tu dors, je vois des étoiles
    Qui dansent en ronde sans faire de trêve
    Je vois le monde, je vois des voiles
    Quand tu dors, c'est moi qui rêve
    C'est moi qui pense, moi qui me perds
    C'est moi qui ai peur dans le noir
    Mais quand tu dors, la nuit s'éclaire
    Se colore des rayons du soir
    Elle se noie dans ta torpeur
    Et quand tu dors, je te regarde
    Tes yeux, ta peau, ta couleur
    Ton expression haguarde
    Quand tu dors, je te parle aussi
    Je murmure, je chuchotte
    Près de ton oreille endormie
    Les paroles d'airs que tu sifflottes
    Quand tu dors, moi je souris

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  • Ce matin le jour se lève, et il est plus beau que les autres. Je tourne la tête et je vois un ange au milieu de draps multicolores; ils étaient ternes auparavant, ils étaient sombres et sans vie, à présent sa lueur les colore, et toute la pièce s'en trouve illuminée. J'ai fais le plein de son odeur, j'ai gorgé mes poumons de ses particules de vie; un seul regard me rend le sourire, il est si facile à trouver maintenant.
    Avançons main dans la main comme nous l'avons toujours fait, ne regardons qu'au loin au lieu de nous arrêter ici bas. Rien ni personne n'aura jamais raison de nous.

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  • Voilà, je vais partir, je vais entamer la traversée. J'ai mis ta photo sur ma table de nuit, j'ai mis de l'eau dans ma bouteille, préparé des vêtements chauds, un peu de nourriture au cas où. Je ne sais pas encore où je vais, mais je sais pourquoi je pars; je pars pour toi. Durant toutes ces années, tu m'as donné la force, tu m'as donné la vie, tu m'as appris à être, à devenir, à grandir, à voler.
    Je vais partir, tu sais, si ta main est destinée à glisser dans la mienne, si je n'arrive pas à la retenir, qu'est-ce qu'il me reste à faire par ici, qu'est-ce qui me retient? Je me dis que le monde est plein d'expériences à vivre, d'expériences que j'aurai voulu vivre avec toi, mais que j'affronterai seule. Je me dis que nous avons le temps, que tu as le temps toi aussi de faire ce dont tu rêves, toutes ces choses pour lesquelles j'étais un obstacle, ces choses que j'ignore. Tu avais peut etre raison, tu sais, de dire qu'on s'était connu trop tôt. J'avais moi aussi des choses à faire avant, des choses que j'ai mises de côté parce que tu étais plus important que le reste. A présent, je vais devoir les ressortir, souffler pour enlever la poussière, réveiller les vieux rêves enfouis en moi. C'est nécessaire pour ne pas sombrer, pour ne pas dépérir; je sais que je pourrais mourir ce soir, que j'en serais capable, mais j'aurai tout perdu.
    Je vais partir loin, je vais vivre ma vie et surtout te laisser vivre la tienne. Savoir qui tu es, qui tu veux être, mettre au point toutes les choses qui ne vont pas, tout ce qui te gêne. Mais j'ai peur aussi, tu sais, j'ai peur de ne pas te retrouver ensuite, j'ai peur que tu m'oublies, j'ai peur de n'être plus rien pour toi le jour où je reviendrais.
    Tu penses que c'est terminé, moi je dis "on verra". Tant de gens se quittent et se retrouvent, je sais que nous avions des projets en commun, je sais que tu y tenais toi aussi. Alors partons, volons dans le sens du vent, et puissent les courants d'air finir par nous rapprocher.

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