• Foundations of Stone

    Je crois que j'ai rarement jusqu'à présent ressenti un vide aussi total, complet mais inexorablement creux. Je crois que rarement encore j'avais pu aller jusqu'au bout des activités que je considérais comme passionnantes, arriver jusqu'au point où les pratiquer me laisse indifférente, où je ne me rends même plus vraiment compte de ce que je fais. Je ne me souviens plus du dernier véritable rayon de soleil que j'ai vu, la sensation de sa chaleur bienveillante m'a quittée, et ces jours détendus et apaisants ne m'apportent plus de quiétude. Je crois que d'une certaine façon, on perd rapidement le goût des bonnes choses une fois qu'on les obtient; j'aimerais que quelque chose change, n'importe quoi, n'important quand, mais le temps semble figé. Je n'ai plus vraiment envie de regarder par la fenêtre et les trajets en voiture, pendant lesquels je trouvais toujours quelquechose ou quelqu'un à qui penser, sont devenus d'un ennui mortel.
    Je crois qu'avec le temps je perds peu à peu cette capacité de m'enchanter de tout, elle que je considérais comme l'une de mes plus grandes forces, mon garde fou contre l'ennui et la morosité, la source de mon optimisme profond. Même lorsque tout semblait aller au plus mal, j'avais toujours cette petite étincelle qui me chuchotait que des jours meilleurs viendraient, qui me permettait de rire de choses simples et de m'émerveiller devant ce qui n'est que banalité aux yeux de beaucoup: en un mot, de sortir la tête de l'eau. Aujourd'hui cette voix ne me parle plus et j'ai beau tendre l'oreille, je n'arrive même plus à saisir les échos de ce qu'étaient ses conseils autrefois. Je relis des vieux textes et je me dis que ma situation n'a pas beaucoup changé, au fond, je rêve du jour où je les regarderai avec un oeil lointain, où je me plaindrais de ce que j'ai été dans ces époques troublées, de ce que j'ai fait. Ils sont encore d'actualité pourtant aujourd'hui, et même si j'aimerais les perdre dans mon sillage, ils me suivent comme un boulet accroché à mes chevilles. Il n'y a pourtant pas vraiment matière à être malheureux, quand on y pense, je suppose que comme beaucoup je devrais m'estimer satisfaite de mon sort, je sais qu'il pourrait être bien pire, et je n'ai jamais prétendu le contraire d'ailleurs. Je crois avoir réussi à dépasser depuis longtemps l'étape de l'apitoyement pur et simple, et contrairement à ce que certaines personnes me demandent parfois (et cette question m'étonne toujours tant je ne réalise pas à quel point elle peut traverser certains esprits), je suis loin d'être quelqu'un de triste. Pourtant comme souvent il est difficile de se concenter de ce constat et de vivre sur les maigres acquis que l'on possède; j'ai du mal, je crois, à bien vivre avec ce que j'ai, même si ça me permet de vivre bien sûr, comme tout un chacun.
    Je ne sais pas ce qui m'attend, je crois que j'ai peur de le découvrir et, d'une certaine façon, c'est sans doute ça qui me pousse à fuir depuis quelques temps. A fuir les amis pour commencer, ceux qui m'ont déçue et que je n'ai plus la patience d'excuser, à fuir les impératifs, à fuir ce qu'on attend de moi. Je ne sais pas ce que je veux, j'hésite à prendre les décisions qui me font peur là où autrefois j'aurais tenté ma chance. J'ai l'impression de perdre patience et j'ai peur, parfois, de ne pas réussir à retrouver cette étincelle qui m'animait, cette capacité de rêver et de croire, mise à mal par le vécu et le temps, mais qui substistait malgré tout.
    Je me persuade qu'elle n'est qu'en suspens, qu'elle ne demande qu'à être animée de nouveau, et je m'en sais incapable. Je crois qu'au bout d'un certain temps, lorsque l'on a fait de son mieux pour rebâtir l'édifice mis à mal, le champs de ruine qui survit à toute relation, il arrive un moment où on ne peut plus soi-même poser une pierre de plus. J'ai épuisé toutes les méthodes architecturales pour embellir mon quotidien, pour le rendre plus sain qu'il ne l'était, pour construire des fondations qui tiendront le coup, cette fois, bien plus solides que ne l'étaient celles de mon adolescence. Des fondations de pierre et d'ambre, de larmes solidifiées, que j'ai hâte de pouvoir tester à nouveau, quand j'arriverais à m'emballer. Cette capacité de m'enflammer et d'enflammer ceux qui m'entourent, voilà ce qui me manque le plus, ce que j'ai laissé derrière moi, ce que j'aimerais retrouver aujourd'hui. Elle me sortirait de l'ombre et me ferait avancer de nouveau, je sais qu'elle est la seule à en avoir la force, je ne lui résisterait pas. Je crois que malgré ce que beaucoup peuvent dire (et comme j'aimerais être cette âme libre et auto-suffisante qu'ils décrivent), j'ai juste besoin d'être sauvée.


  • Commentaires

    1
    neyrelle
    Mardi 29 Janvier 2008 à 23:35
    erreur
    how can you see into my eyes like open doors leading you down into my core where I’ve become so numb without a soul my spirit sleeping somewhere cold until you find it there and lead it back home (Wake me up) Wake me up inside (I can’t wake up) Wake me up inside (Save me) call my name and save me from the dark (Wake me up) bid my blood to run (I can’t wake up) before I come undone (Save me) save me from the nothing I’ve become now that I know what I’m without you can\'t just leave me breathe into me and make me real bring me to life frozen inside without your touch without your love darling only you are the life among the dead all this time I can\'t believe I couldn\'t see kept in the dark but you were there in front of me I’ve been sleeping a thousand years it seems got to open my eyes to everything without a thought without a voice without a soul don\'t let me die here there must be something more bring me to life
    2
    Samedi 2 Février 2008 à 17:31
    oui...
    ... mais on a tous besoin d'être sauvés. la seule chose, c'est qu'il faut être capable de voir le moment où la chance de l'être sera là.
    3
    Clopin-clopant
    Vendredi 22 Février 2008 à 01:58
    Chanson d'espoir
    http://zeio.free.fr/server/chanson-d-espoir.htm
    4
    Roman
    Lundi 25 Février 2008 à 23:04
    Tiens, neyrelle citant Evanescence... La situation n'est pas encore aussi désespérée, l'ami(e).


    Quels conseils te donner, Etoile ? Aucun je suppose, tu n'en as pas besoin.
    C'est dur de "faire ce dont on a envie", quand l'envie même devient traitresse.

    Désolé pour le bon mois de retard de mon message, mais même considérant que la situation aura évolué, j'aime répondre à un tel tableau.

    C'est vrai que tu n'as pas l'apparence de ton âme, et que la rigueur dont tu peux faire preuve dans ta vie ne semble pas toujours au rendez-vous dans ton coeur.

    Tu te (re)trouveras, j'en suis certain, ce n'est qu'une question de temps, espéré-je.
    C'est amusant, j'ai l'impression d'écrire pour moi et non pour toi, que tout impact que pourront t'infliger mes mots sera inconditionnellement absorbé sans incidence aucune.
    Peut-être en sera-t-il autrement, mais j'ai le sentiments qu'aucune de mes paroles ne saura jamais t'aider, quand bien même le désirerais-tu.
    Mais bon, ce n'est pas grave, j'ai l'habitude de parler aux cieux dans la folie qui est la mienne, et depuis le temps, je n'attends plus de réponses, je suis simplement quelque part en bas, dans le noir, à contempler leur éclat sans jamais savoir si ce dernier est glacial ou non.

    Fais-moi penser à repasser te voir pour t'embêter un peu, si tant est que je ne compte pas au nombre des amis dont tu fais allusion, qui sait, peut-être t'épargnerai-je l'espace d'un moment.
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