C'est fou comme la nuit peut être belle et terrible à la fois. Des paroles de chanson, quelques images qui reviennent, un jour un peu particulier, les autres qui sont déjà couchés, le silence, encore et toujours. Je regarde par la fenêtre; les étoiles sont voilées, presque inexistantes, il doit faire froid dehors. La solitude jaillit encore plus le soir qu'à n'importe quel moment de la journée, je sais que je devrais être au lit comme tout le monde, j'en ai envie d'ailleurs, mais je n'y arrive pas.

C'est lorsque je pleure en silence que j'ai l'impression de me rapprocher de l'essence, du tout et du rien, de la vérité. Est-ce que nous sommes des enfants condamnés à la peur du noir? Les larmes sont-elles les eaux qui nous ont donné la vie? Les émotions vont et viennent dans l'obscurité, je n'ai même pas envie de fermer la main pour les retenir. Il y a tant à voir, tant à faire, et si peu de temps à vivre. Les personnes autour de moi tombent comme des feuilles, que reste-t-il de ceux qu'on a aimés sinon des souvenirs vagues? Les sensations elles-mêmes s'effritent avec le temps, les images se font floues, les pensées s'atténuent.

C'est l'absence qui fait tant souffrir; l'absence d'amour, l'absence d'espoir, l'absence de quelqu'un pour marcher à nos côtés. Et tout me manque. Mon enfance me manque, ces projets que j'avais batis dans mon esprit idéaliste, ces images que j'avais de mon propre futur et de celui de mes proches. Que c'est dérisoire quand je regarde maintenant en arrière... Tout s'est envolé, plus rien ne subsiste, le temps est passé comme une pluie battante sur un dessin à la craie, et les rares émotions encore suspendues dans l'air s'évaporent lorsque j'essaye de les saisir.

Que reste-il maintenant, sinon une bouteille à la mer?

(Bon anniversaire frangin, tu me manques déjà.)