• Je crois que, au fond, on réfléchit beaucoup trop à beaucoup de choses, au final. Je crois qu'au fond chacun de nous aimerait vivre plus simplement, mais chacun de nous se l'empêche, pour des raisons ou des autres, pas toujours bien fondées, mais qui nous apparaissent toujours tellement valables. Je crois que, comme beaucoup, je me suis réfugiée derrière des prétextes qui me permettaient de rester sur place, d'attendre, d'anticiper et de faire des projets, comme si j'avais besoin d'être rassurée, quelque part, comme si on avait perdu notre faculté à laisser venir les choses. J'ai l'impression d'avoir été forcée depuis mon plus jeune âge à planifier les années qui s'étendent devant moi, à planifier des études, des destinations, à planifier des relations, des événements, un avenir toujours définit entre certains cadres, même si les faits ne correspondent jamais vraiment. Comme beaucoup, j'ai évolué dans cet espace cloturé en ayant l'impression d'avoir le monde à portée de main, comme le poisson qui ne se lasse jamais de faire le tour de son bocal, qui a l'impression de découvrir de nouveaux horizons, qui oublie qu'il arpente la même voie. A bien y réfléchir, rien ne peut empêcher quelqu'un qui a décidé d'avancer, de le faire. Les choses stables et sérieuses peuvent attendre, elles peuvent même ne jamais venir, et elles ne manqueront pas.
    La nouvelle philosophie, la seule qui vaille, c'est de vivre spontanément. Dans le respect des autres, bien sûr, dans le respect de soi. Et de ne jamais, surtout jamais, laisser des impératifs extérieurs prendre le pas sur sa propre volonté. Rien ni personne ne mérite que l'on perde son temps, son énergie, que l'on sacrifie ses rêves. Au fond, je crois que les seules personnes bien intentionnées sont celles qui ne s'interposent pas, justement, qui ne créent aucune contrainte, qui n'exigent rien qui puisse brider l'élan, quel qu'il soit. Les autres ne sont que possession et matérialisme, elles veulent enfermer l'essence qu'elles ne parviennent pas à suivre, comme si elles savaient qu'elles allaient finir par la perdre à l'horizon. L'essence va et vient, elle s'envole, elle se pose parfois, peut être pour toujours, mais elle ne cherche pas à s'arrêter. Si elle trouve un courant d'air plus chaleureux que les autres elle s'y laissera emporter, mais elle vole seule, au gré des vents ascendants.
    C'est la révélation que j'ai eue ce soir-là, en voyant ses yeux qui brillaient, je me demandais ce qui pouvait les faire étinceler, et j'ai fini par comprendre. Ils reflètent cette essence evanescente et éphémère qui ne se tarit jamais car elle ne fait que se renouveler, chaque jour, chaque heure. Cette essence qui enveloppe son odeur, les lignes de ses mains, les notes de sa voix, chacun de ses regards, et que je trouvais si étrange. Elle puise de l'amitié dans les sourires, de l'amour dans la chaleur d'une étreinte, des rêves dans les voyages, des connaissances dans les études, des expériences dans le quotidien. Elle ne s'embarrasse pas de ces contraintes qui affaiblissent les autres, elle ne s'embarasse de rien, du moins pas encore. Elle ne fait que voler, se poser de temps en temps, et décoller à nouveau.
    Je crois que, au fond, c'est le seul moyen d'être vraiment heureux.


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