• Bon et bien voilà, je viens de réserver mon billet pour le concert de Lisa, et j'ai le sourire de circonstance. Et puis il y a un peu plus quand même, il y a une espèce d'euphorie, ou plutôt de béatitude, qui se répand sur mon quotidien depuis quelques semaines, sans que je comprenne vraiment comment elle a réussi à s'imposer.
    Il y a peut être le beau temps qui revient, il y a eu quelques journées splendides récemment, aujourd'hui surtout d'ailleurs, et mine de rien ça change beaucoup de choses. Ranger le manteau et les longues bottes et ressortir les jupes légères et les sandales, ça fait du bien au moral, quoi qu'on en dise! Il y a les gens nouveaux, toutes ces têtes qui se mettent à peupler un quotidien dans lequel ne gravitaient que quelques visages bien connus, et qui viennent apporter un peu d'idée et de sang neuf. Je sais que je n'ai jamais été d'un contact facile et en général j'ai quand même du mal à m'entendre suffisamment avec des gens nouveaux pour accepter de les fréquenter en dehors d'un cadre défini (fac, loisirs, travail). Et puis là je ne sais pas vraiment pourquoi mais j'ai commencé à changer, à être moi-même sans passer par la phase "autiste", à rigoler avec des inconnus et du coup à m'attirer pas mal de sympathies qui sont plus que bienvenues. Alors bien sûr les endroits où je vais restent toujours un peu les mêmes (rien ne pourra me déloger de mon bon vieux pub irlandais), mais il y a quand même quelque chose de fondamentalement nouveau dans tout ça, et comme tout ce qui est nouveau, ça me fait l'effet d'une bouffée d'air. Et je ne cacherais pas que j'en avais vraiment besoin.
    Alors je me dis qu'au fond parfois ça tient à peu de choses; je me suis mise à changer en bien au lieu de me laisser emporter jusqu'au fond du gouffre. J'ai donné un grand coup de pied dans la fourmilière au lieu d'essayer de colmater les brèches, je me suis dit "on verra bien", "je n'ai plus rien à perdre", et je ne regrette pas. Les choses qui sont parties ou qui se sont brisées sont celles qui n'auraient jamais tenu la distance plus longtemps; elles ont cédé leur place à des éléments nouveaux et solides qui apportent un peu de ciment frais à un édifice branlant, le rendant de ce fait bien plus moderne qu'il ne l'a jamais été. On dirait, en fait, un de ces immeubles tous neufs qui poussent un peu partout dans ma ville, je commence à les regarder avec un sourire complice, comme si on avait quelque chose en commun au fond.
    Et tous ces gens, toutes ces nouvelles têtes, et puis lui avec son feu d'artifice; ils me permettent de réaliser une fois de plus à quel point il y a des beautés dans les êtres les plus ordinaires, ces gens que je n'aurais peut être jamais rencontrés si je ne m'étais pas prise en main, et qui ont tant à offrir chacun à leur manière. Je renoue avec des émotions que je croyais passées et j'en découvre de nouvelles en même temps, et je comprends que finalement j'avais quand même raison en encourageant ceux qui m'entourent à ne jamais baisser les bras. J'ai trop souvent eu affaire à des personnes perdues et désespérées qui ne savaient plus comment faire, comment s'en sortir, comment aller mieux; j'avais pris sur moi de leur redonner espoir sans parvenir à me guider moi-même, en leur dispensant l'énergie qui me faisait défaut. J'ai réussi à la mobiliser maintenant et je sais que ça marche, qu'on peut s'en sortir tout seul si on a le courage de laisser certaines choses s'éloigner, puisqu'elles en ont décidé ainsi. On s'accroche toujours trop longtemps, si longtemps qu'on rate le moment propice qui nous dicte de laisser l'étreinte glisser entre nos doigts. Et lorsqu'on parvient enfin à garder les souvenirs en tête sans être triste ni plein de rancoeur, on a déjà fait la plus grande partie du chemin. A partir de là, la sortie n'est plus loin, c'est tout droit vers la lumière. Et tout redevient possible.

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